27 janvier 2010

25 janvier 2010

Confiant se lâche !

Je savais que Raphaël Confiant avait son franc parler, mais là, il est très dur le bougre ! Voici un article publié sur le site http://www.montraykreyol.org/ (site de ressources pour la langue créole) le lendemain du premier référendum en Martinique et Guyane, demandant aux populations de voter pour ou contre plus d'autonomie (article daté du 11 janvier donc ; pour information, le "non" l'a très largement emporté dans les deux départements) :


Jamais à Cuba (communiste), ni à Barbade (capitaliste), ni à Saint-Domingue (social-démocrate), on ne verrait le pays bloqué durant plus d’un mois à cause d’une grève générale.

JAMAIS!

Au bout d’une semaine, les forces de police ou l’armée débloqueraient les routes, rouvriraient les commerces et entreprises, rétablirait la libre circulation des personnes et des marchandises. Il n’y a que dans ces colonies de consommation que sont la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane qu’une telle chose est possible. Dans ces OVNI politiques, le Papa Blanc autorise ses chers enfants nègres à brailler, défiler, réclamer, exiger autant qu’ils le veulent. De toute façon, personne ne mourra de faim! Il les autorise même à proclamer que «le pays leur appartient désormais» et que le temps de la «profitation» est fini et bla-bla-bla…

Le Papa Blanc se marre. Ses enfants nègres ne sont pas sérieux. Ils ne croient pas un mot à ce qu’ils disent. D’ailleurs, pourquoi ont-ils «déboulé» en février, mois du carnaval, et pas en octobre ou en novembre? La preuve: quand on leur organise une consultation pour savoir s’ils seraient prêts à entamer un tout petit début de commencement d’autonomie, ils battent aussitôt en retraite comme des «crabes-c’est-ma-faute». Oublié le «Péyi-a sé ta nou!»! Aux orties les rodomontades du genre «Jou nou ké ajounou pòkò wè jou»!

Tout le monde aux abris!

73% de «NON» en Guyane et 80% en Martinique. Donc si l’on comprend bien, les mêmes qui ont défilé et braillé en février pour faire plier l’État «colonialiste» votent aujourd’hui comme un seul homme pour rester à jamais enlacés dans les bras de ce même état colonialiste. Français jusqu’ad vitam aeternam, voilà ce qu’ils veulent être et rester!

À ces gens, je dis: allez vous faire foutre! À ce peuple, je dis qu’il n’est qu’une sous-merde, un ramassis d’aliénés, d’alimentaires et de lâches. Une tâche sur la carte du monde, une salissure. Un étron.

Je comprends pourquoi vous ne voulez ni de l’autonomie et encore moins de l’indépendance. Dans un Martinique libre, comme à Cuba, à Barbade ou à Saint-Domingue, jamais vous n’auriez été autorisés à foutre la merde et à bloquer tout le pays pendant plus d’un mois.

Vous avez raison: restez français jusqu’à la fin des temps et continuez à brailler et à manifester régulièrement pour que le Papa Blanc vous accorde 200 euros d’augmentation de salaire et n’augmente pas le prix de l’essence, même si le cours du brut augmente sur le marché mondial.

Adieu (ou plutôt «Au Diable!»)…

Raphaël Confiant

08 janvier 2010

Dé mil dis

Je souhaite une excellente année 2010 à tous les lecteurs de ce blog (que j'espère assidus...) : ceux de Guadeloupe, de France, de Belgique, de Suisse, du Canada, des USA, de Martinique, de Réunion, de Guyane française, de Haïti. Je crois que j'ai à peu près fait le tour. Que ceux dont la contrée verdoyante ou poudroyante n'apparaît pas me le pardonnent... En tout cas, que personne n'hésite à laisser des commentaires, dans la limite de la décence et du nombre de caractères qui vous est imparti.

Comment rester positif en ce début d'année, malgré les mauvaises nouvelles dans le péyi ? Le LKP s'apprête à lancer une nouvelle OPA hostile sur le péyi Gwadloup (wait and see, on a rempli le frigo...), et les bateaux de croisière n'accostent plus à Basse-Terre. Avant, seul le Wind Surf (bateau de la compagnie de croisière de luxe Wind Star) venait une demi-journée un vendredi sur deux, avant de partir à Terre-de-Haut pour l'après-midi. Mais le constat est là (M. et moi nous sommes bien renseignés au débarcadère de croisière de Basse-Terre) : à l'arrivée de ces touristes de luxe, pas un seul commerçant pour les accueillir, un office du tourisme en ruine, pas un minibus ou quoi que ce soit proposant des tours sur la Basse-Terre... seulement quelques personnes bénévoles pour faire l'accueil... Question des passagers Nord-Américains à la descente du bateau : "Bonjour. Qu'est-ce qu'il y a à voir en Guadeloupe ? Les membres d'équipage du bateau nous ont dit qu'il n'y avait rien à faire..." (sic). No comment...

Donc, voilà, la capitale de la plus grande île des Petites Antilles (et certainement celle dont les paysages et les activités sont les plus variés) n'a plus de bateau de croisière. Heureusement, je peux encore les voir de temps en temps de ma terrasse, dans le canal des Saintes, allant vers des destinations accueillantes : les Saintes, la Dominique, Sainte-Lucie...

Pour achever ce premier post de la nouvelle décennie (on se motive comme on peut), deux conseils lecture (aaaahhh !). Haïti possède définitivement une grande littérature. Je viens de finir L'Enigme du retour, de Dany Laferrière. Très bon livre introspectif dans lequel l'auteur raconte son retour éternellement repoussé vers son Haïti natale, après plus de 20 ans d'exil à Montréal, suite au décès de son père. Les anecdotes de voyage se succèdent plaisamment dans cette sorte de carnet de voyage, sorte de Cahier d'un retour au pays natal écrit au jour le jour, dans un style simple et moderne.

Le Briseur de rosée, d'Edwidge Danticat (dont j'ai déjà parlé), est une traduction. L'Haïtienne écrit en effet en anglais. Elle raconte dans son ouvrage comment les anciens bourreaux tontons-macoutes doivent cohabiter avec leurs anciennes victimes. Ce thème passionnant du revivre ensemble entre bourreaux et victimes est particulièrement bien traité à travers une narration-puzzle qui s'assemble au fur et à mesure.