18 décembre 2009

Compère Général Soleil

Lisant à un rythme effréné récemment, voici encore un post à propos d'une lecture (et le prochain livre est presque fini...).

Bon, ça faisait longtemps que je n'avais pas lu de vrai chef-d'oeuvre, de vrai livre indispensable si l'on ne veut pas mourir idiot, de vrai "must read" comme on dit outre mer des Sargasses. En voici un : Compère Général Soleil de Jacques Stephen Alexis, auteur haïtien descendant de Jean-Jacques Dessalines (premier président, puis empereur auto-proclamé, d'Haïti). Ce roman date de 1955, période de dictature en Haïti (celle de François Duvalier, dit "Papa Doc"). Voici ce qu'en dit Dany Laferrière dans L'Enigme du retour (que je suis en train de lire) : "Pour moi Compère Général Soleil de Jacques Stephen Alexis est un des plus beaux romans de la littérature haïtienne".

L'histoire se passe dans les années 1930 (période de dictature en Haïti, celle de Sténio Vincent...), nous raconte la vie d'Hilarius Hilarion, jeune nègre de Port-au-Prince, et commence par le récit d'un vol qu'il commet pour manger. Il se fait arrêter, tabasser par la police, emprisonner. Là, il rencontre un militant communiste et va peu à peu s'ouvrir à cette doctrine. Il sort alors de prison, et essaye de refaire sa vie. Le roman peut alors véritablement débuter. Hilarion va rencontrer une femme, s'installer avec elle. Il va chercher et faire différents boulots, va rencontrer des militants communistes sans trop participer à leurs actions. Il va observer des mouvements de gève des travailleurs haïtiens... et il va ensuite, comme nombre des siens, émigrer en République Dominicaine (alors en pleine dictature de Trujillo -aucun lien de parenté avec le bassiste de Metallica, que je sache) pour aller couper la canne et gagner un peu plus d'argent. Là, il va se retrouver en pleine épuration ethnique d'Haïtiens (il y aurait eu environ 15 000 Haïtiens massacrés dans ce génocide caribéen de 1937)...

Ce roman, fiction trop réelle, est particulièrement poignant dans cette peinture de ce peuple qui essaye de survivre dans des conditions et sous des dictatures abominables, et d'avoir lui aussi accès au bonheur. Il y a du Hugo et du Zola dans ces pages, et l'on ne peut que ressortir bouleversé d'une telle lecture. En voici un passage, le tout début :

"La nuit respirait fortement. Il n'y avait pas de monde dans la cour. Pas un chat. Alors cette ombre plus noire que la nuit joua des pattes, tel un coryphée papillonnant. L'ombre lissait son corps dans le devant-jour, par à-coups, telle une puce.
Cette nuit-là, le vieux faubourg était bleu-noir. Tout le quartier Nan-Palmiste, qui pourrit comme une mauvaise plaie au flanc de Port-au-Prince, baignait dans un jus ultra-marin, une vraie soupe de calalou-djondjon. Des voiles violâtres, annonciateurs d'aurore, plaquaient le ciel d'ébène. Et l'homme d'ombre ondulait, se lissait, faufilant à pas pressés dans la cour. Le devant-jour était frais, très frais ; les masures semblaient presque roses.
"Non..., non, pas un homme, pas une chatte !", songea Hilarion. Il rit, et ses dents marbres luirent dans l'ombre.
Ce nègre était presque nu, presque tout, tout nu. Un nègre bleu à force d'être ombre, à force d'être noir.
Il continuait d'avancer.
Une frisée, une chouette-frisée, ricana sinistrement sur la nuit. Le nègre trembla à ce signe de mauvais augure ; tous ses cheveux tressaillirent, mais il continua. Hilarion, en effet, n'avait pas son bon ange, il songeait si fort, que les réflexions sortaient tout haut de sa bouche. Hilarion parlait tout fort dans la demi-nuit. Tout haut, comme les fous, dont la bouche n'a point de paix.
Car, il ne faut qu'une petite miette, pour qu'un pauvre malheureux devienne fou. La misère est une femme folle, vous dis-je. Je la connais bien la garce, je l'ai vue traîner dans les capitales, les villes, les faubourgs de la moitié de la terre. Cette femelle enragée est la même partout. Par elle, dans les haillons de tous les crève-la-faim, il y a un poignard d'assassin, ou de fou, c'est la même chose. Femelle enragée, femelle maigre, maman de cochons, maman de putains, maman de tous les assassins, sorcière de toutes les déchéances, la misère, ah ! elle me fait cracher !"

15 décembre 2009

La Danse du dragon

Non, il ne s'agit pas du dernier Jackie Chan (puisque ce film date de 1980...), mais bien du dernier livre que j'ai lu, par le Trinidadien Earl Lovelace (lui aussi "rencontré" lors du Congrès international des écrivains de la Caraïbe, sorte de Wong Kar-Wai planqué derrière ses verres fumés). The Dragon can't dance a été publié en 1979 et raconte l'histoire d'Aldrick, jeune homme d'un quartier désoeuvré de Port-of-Spain (le bidonville appelé "la Montagne") qui prépare son costume de dragon pour le carnaval de Trinidad (un des plus fameux de la Caraïbe, paraît-il). Il sera amené à croiser différents personnages, dont l'histoire nous sera aussi racontée : la jeune Sylvia dont il est amoureux, Philo le chanteur de Calypso, Z'yeux d'morue le caïd local (membre d'un steel-band), Pariag l'Indien qui voulait réussir... c'est toute la vie du quartier qui nous est ainsi dévoilée avec comme fil conducteur le carnaval et sur fond de steel-drum et de calypso (spécialités locales). Avec un style léger mais précis, le lecteur se fait aisément embarquer dans le déboulé général. Je conseille donc vivement cet ouvrage.

08 décembre 2009

La Caféière Beauséjour

Dimanche dernier, nous sommes allés à la Caféière Beauséjour, section Acomat à Pointe-Noire. Il s'agit d'une ancienne caféière (fin XVIIIème) rachetée et restaurée par une dame. Outre la visite de la maison, très jolie, avec un petit musée de pièces d'époque, la caféière produit son propre café et dispose d'une table d'hôtes à très bonne réputation, ainsi que de gîtes. Par ailleurs, chaque année, la propriétaire y organise des concerts de musique classique.

Nous y sommes allés pour manger le midi, mais aussi pour visiter. L'habitation se trouve sur les hauteurs, à 300m d'altitude, dans un très joli site.

Nous avons eu droit à un bon repas : en entrée, foie gras avec tranches de carambole (bon, c'est surtout pour la déco...), un filet de bœuf avec bananes cuites et purée de fruit à pain en plat principal, et une sorte de mousse cappuccino en dessert. Une bonne table que je recommande donc.

Puis, pour digérer, un petit tour du propriétaire (visite gratuite puisque nous avions pris un repas). Voici quelques photos de l'habitation et du site.

Enfin, l'intérieur de l'habitation. Le rez-de-chaussée est un petit musée, et l'étage est réservé aux propriétaires.

30 novembre 2009

Désirade, ô serpente !

J'avais "rencontré" Fortuné Chalumeau, sans trop savoir qui il était, lors du Congrès des écrivains de la Caraïbe il y a un an. En furetant dans les rayons de la bibliothèque municipale de Trois-Rivières, j'ai vu un de ses livres, à la couverture colorée (à défaut d'être prometteuse...) et au titre énigmatique. Etant à la recherche d'auteurs guadeloupéens en particulier, je n'ai pas résisté à l'envie d'emprunter ce livre-là. Je n'ai pas trouvé grand chose concernant la biographie de Fortuné Chalumeau, hélas.

Tout de suite, en attaquant l'ouvrage, j'y ai vu la patte du Chamoiseau d'il y a quelques années et de Confiant, tant dans le style que dans l'histoire : un texte rempli de créolismes, à la verve rabelaisienne et sans concession dans les portraits de personnages brossés. Quant à l'histoire, une galerie de personnages habitant le même quartier (Texaco chez Chamoiseau, les Terres Sainville chez Confiant, l'île de la Désirade chez Chalumeau), ainsi que leur histoire, leurs interactions, leurs relations... le tout dans une atmosphère de tropiques arhumatisés. Ca, c'est pour la première partie, plaisante. Et puis, dans la deuxième partie et les parties suivantes, changement radical de décor et d'ambiance : Key West, un gendarme français se trouve à une réunion d'Interpol pour arrêter un trafic de drogues dans la Caraïbe. Nous voici donc à présent dans un polar international, dans lequel FBI, CIA, agents doubles et petites frappes ont la part belle. Un meurtre, une valise contenant des millions de dollars et des documents confidentiels disparue, et l'affaire est lancée. Elle trouvera son dénouement à la Désirade...

Il s'agit donc au final d'un livre qui, s'il n'a rien d'original ni dans son style ni dans sa narration, s'avère très agréable et prenant.

Hop, un extrait tout de go.

"Quoique charmoisé par la musique de la voix et la brûlante vénusté de sa vis-à-vis sur qui il lui arrivait d'encoller son grain d'yeux et ce, tout à la naissance de la confondante béance de son corsage, l'engin policier bien rodé qu'hébergeait l'inspecteur dans sa cabèche continuait d'officier et cela n'était pas rien. De sorte que, quand elle pausa pour s'accorder une revigorante respirée, il lui vint à l'esprit une charge de questionnements dont le plus pointu était : ce récit de magie est-il conte inventé pour me charmer, ou rien que pure vérité ? Ce à quoi elle accorda rien d'autre qu'un haussement d'épaules.
- Flora, reprit-il très vite. Vous permettez...? Avant de continuer et aussi de causer de Laura. Dites-moi : que savez-vous qui pourrait m'aider quant au meurtre de votre proche voisine ? Je suis persuadé que vous en savez plus long que vous en dites.
En un temps très court mais qui ne peut cependant se mesurer à l'échelle commune, s'alluma dans le grain de ses yeux une lueur toute pareille à celle d'un farfadet en farandole sur la caye mise à sec, face aux lames rageuses et enveloppantes de l'océan. Sans outre se démonter, elle glissa doucement :
- Si je savais quoi que ce soit, inspecteur, je vous le baillerais. Mais voyez-vous, cette île est ensorcelée - ne riez pas ! Il se passe des choses... Enfin, croyez-en mon conseil, oubliez la grosse Joliba et son assassineur, et que sa dépouille puisse festiner en paix avec les crabes du cimetière!
- Ce serait donc vrai, cette histoire à propos des crabes comestibles ? Ils se nourriraient de...
Elle partit d'un franc éclat de rire qui coupa la chique et le chouque au questionneur, tant la remarque autant que la tête d'icelui lui parurent ensemble désopilant."

10 novembre 2009

L'isle Saint-Barthélemy

Fin octobre début novembre, nous sommes allés passer quelques jours à Saint-Barth. Après un vol de 50mn en Twin Otter (avion à hélices, 19 passagers), l'atterrissage sur la piste de l'aéroport est assez sportive : passage entre les mornes, piste très courte, survol de la route, plage au bout de la piste ! Les pilotes doivent avoir une formation spéciale pour y atterrir (comme pour l'ancien aéroport de Hong Kong, Kai Tak).

Plusieurs constats à faire en débarquant : c'est propre (pas de bouteille de Royal Soda au bord des routes, pas de machine à laver dans les ravines, pas de carcasse de voiture dans les champs...), c'est sec (végétation : cactus-cierges, agaves, frangipaniers, bougainvilliers...), et c'est petit (25 km2 en comptant les îlets !). Très différent de la Guadeloupe, donc.

En gros, il n'y a pas grand chose à y faire, sinon profiter des plages (superbes, mais sans ombre) et aller au resto (de vraies bonnes adresses). A part ça, les maisons sont coquettes, les gens sympathiques et avenants (bien sûr, l'île ne vit que du tourisme !).

Voici quelques photos.

Tout d'abord, l'arrivée en avion. On peut voir la rade de Gustavia.

Voici ensuite une photo de l'Hôtel de la Collectivité, ancienne Mairie.

Le Wall House, anciens entrepôts du temps de la présence suédoise, convertis en musée local.

La plage de la baie de Saint-Jean, animée par le ballet aérien des avions qui passent juste au-dessus.

Deux photos de la plage de Gouverneur, dans le sud de l'île, pas loin de la maison de Roman Abramovic (il est dans les pages blanches, véridique). Sur la première, on peut voir de gauche à droite : Nevis, Saint-Kitts, Saint-Eustache, Saba.


Gustavia vue depuis le site du Fort Gustav.

Le clocher suédois. L'heure est exacte !

Pour finir, l'aéroport presque international, avec sa piste d'atterrissage qui va droit vers la plage.

27 octobre 2009

Le Royaume du fruit-étoile

Un peu de littérature, ça faisait longtemps. En fait, j'ai lu d'autres livres depuis, mais je n'ai pas eu envie d'écrire à leur propos.

Le Royaume du fruit-étoile est un recueil de poèmes (il faut lire de la poésie...) du Sainte-Lucien Derek Walcott, prix Nobel de littérature en 1992, que j'avais eu l'occasion de voir lors du 1er Congrès international des écrivains de la Caraïbe.

Dans cet ouvrage particulièrement intéressant, le poète célèbre la variété des îles de la Caraïbe, non sans s'interroger sur leur passé (l'esclavage, toujours), leur présent (les inégalités, le racisme...) et, ipso facto, leur avenir. Le thème de la mer a lui aussi une large place dans ses vers.

Une passage placé en exergue a retenu mon attention : "J'accepte cet archipel des Amériques. Je dis à l'ancêtre qui m'a vendu et à l'ancêtre qui m'a acheté : Je n'ai pas de père, je ne veux pas d'un tel père, bien que je puisse vous comprendre, fantôme noir, fantôme blanc, quand l'un et l'autre vous murmurez : "histoire"... A vous, grands-pères à qui intérieurement j'ai pardonné, je vous adresse, comme les plus honnêtes de ma race, un étrange merci, amer et pourtant exaltant merci pour cette immense friction et soudure de deux grands mondes, pareils aux moitiés d'un fruit jointes par son propre jus amer, je vous remercie de m'avoir placé, exilés de vos propres Edens, dans la merveille et le prodige d'un autre."

L'édition que j'ai eue (via la bibliothèque de Trois-Rivières) est une édition bilingue, avec le texte original anglais en regard. J'ai donc pu parfois jeter un œil au style de l'auteur. J'ai aussi relevé quelques problèmes de traduction... Le titre original de l'ouvrage est The Star-Apple Kingdom, qui a donc été traduit littéralement. Problème : star-apple désigne une réalité des Antilles, un fruit qui existe réellement, et qu'on appelle caïmite dans les îles francophones (voir la photo). Ensuite, la traductrice a traduit Kick-'em-Jenny par "Bott'-leur-le-cul-Jenny"... Or, tout habitant des Antilles s'intéressant un peu à la région Caraïbe (en fait, tout bon geek comme moi) sait que Kick-'em-Jenny n'est pas une expression inventée par Walcott, mais bien une réalité : il s'agit d'un volcan sous-marin situé au nord de la Grenade, et dont le nom n'est pas traduit en français. Mettons cela sur le compte d'une méconnaissance des réalités caribéennes, car le reste de la traduction est de bonne qualité.

J'ai d'ores-et-déjà décidé de lire d'autres recueils de Derek Walcott ! Voici un petit passage de mon choix :

"Il y avait une rosse à bord, il me tenait à l'œil
c'était le maître-coq, un gars de Saint-Vincent
avec la peau d'un gommier, une écorce rouge pelée,
et des yeux bleus éteints ; il me laissait jamais de répit,
comme s'il se croyait blanc. J'avais un cahier,
celui-ci même, dont je me servais pour écrire
ma poésie ; un jour ce gars-là me l'arrache,
le lance aux matelots à droite à gauche
en braillant : "Attrapez-le", puis se met à minauder
comme si j'étais une poule à cause des poèmes.
Il y a des affaires qui se règlent avec les poings,
d'autres avec un tolet, d'autres avec un couteau-
celle-là, c'était le couteau. D'abord, je le supplie,
mais il poursuit sa lecture : "O ma femme, ô mes enfants"
en feignant de pleurer, pour faire rire l'équipage ;
il file comme un poisson volant, le couteau d'argent
qui va se planter en plein dans le gras de son mollet,
lui, tombe dans les pommes, et il devient plus blanc
qu'il croyait l'être. J'imagine qu'entre hommes
on a besoin de bagarre. C'est pas normal
mais c'est ainsi. Il y a pas eu beaucoup de mal,
rien que des flots de sang, on est copains, moi et Vincie,
mais personne n'a plus déconné avec ma poésie." (1)




(1) Pour les puristes, mais aussi pour tous mes lecteurs anglophones, et ils sont particulièrement... heu... nombreux, voici le texte original :

"It had one bitch on board, like he had me mark-
that was the cook, some Vincentian arse
with a skin like a gommier tree, red peeling bark,
and wash-out blue eyes ; he wouldnt give me a ease,
like he feel he was white. Had an exercise book,
this same one here, that i was using to write
my poetry, so one day this man snatch it
from my hand, and start throwing it left and right
to the rest of the crew, bawling out, "Catch it",
and start mincing me like I was some hen
because of the poems. Some case is for fist,
some case is for tholing pin, some is for knife-
this one was for knife. Well, I beg him first,
but he keep reading, "O my children, my wife",
and playing he crying, to make the crew laugh ;
it move like a flying fish, the silver knife
that catch him right in the plump of his calf,
and he faint so slowly, and he turn more white
than he thought he was. I suppose among men
you need that sort of thing. It ain't right
but thats how it is. There wasn't much pain,
just plenty blood, and Vincie and me best friend,
but none of them go fuck with my poetry again."

25 octobre 2009

Les îles du vent

Avant-hier, je me suis procuré Les îles du vent, premier manga antillais ! Eh oui, après la traduction en créole de plusieurs bandes-dessinées (dont Gran Kannal-la), les éditions Caraïbe Editions ont lancé ce pari d'un titre original, dans le style manga qui plus est. Ayant été un très gros consommateur de ce type de création picturale, j'ai attendu patiemment la parution de l'ouvrage et me suis empressé de l'acheter (après quelques minutes d'hésitation devant le prix : 9,09 euros).

Ce manga a été dessiné par Elodie Koeger, une jeune Alsacienne férue de culture japonaise en résidence d'artiste en Guadeloupe pour cinq mois. Le conseiller "technique" et culturel n'est autre que le célèbre Hector Poullet, celui-là même qui a traduit les bandes-dessinées en créole chez cet éditeur.

Le scénario est assez intéressant : c'est l'histoire de Marie-Scolastique (dite Dionine), jeune fille habitant dans le Sud de la Basse-Terre, qui découvre deux Haïtiens en situation irrégulière cachés dans le jardin de ses parents. Elle va tout faire pour les aider. Parallèlement, se noue une romance entre elle et Yann, jeune douanier Breton fraîchement arrivé en Guadeloupe, chargé de faire la chasse aux immigrants illégaux, évidemment...

Le scénario est donc propice à pas mal de rebondissements et voyages dans la Caraïbe. Les références culturelles locales sont particulièrement authentiques et ancrent fortement le récit dans la réalité sociale antillaise, ce qui est très appréciable. Quelques défauts cela dit (il s'agit d'une première œuvre, soyons indulgents) : on peut voir quelques raccourcis scénaristiques, tout comme certaines aberrations, il y a quelques coquilles que nous mettrons sur le compte de l'édition, enfin les bulles des personnages ne sont pas toujours placées bien à propos (parfois on ne sait pas qui parle). Quant au style graphique, il est très honnête, dans le style manga. Le découpage des planches et des cases est dynamique et d'une compréhension aisée.

Apparemment, une suite est prévue ("à suivre" est écrit à la fin), même si la mention "volume 1" n'est portée nulle part. Souhaitons la réussite à cette série !

24 octobre 2009

Viens un peu par ici, toi...

Voici le dessin de Pancho paru dans le France Antilles d'aujourd'hui. Ca m'a bien fait rire...

13 octobre 2009

Le saut d'eau du Matouba

Dimanche dernier, nous avons profité d'une superbe journée (comme d'hab' depuis fin août... il n'a presque pas plu, météo france estime le déficit pluviométrique à 78% !) pour aller faire une petite rando. Enfin, une balade, plutôt. Il s'agit de la balade du saut d'eau du Matouba. Matouba est une section verdoyante (et bien arrosée) située sur les hauteurs de Saint-Claude (elle-même sur les hauteurs de Basse-Terre !). Sur la route pour s'y rendre, on peut trouver la fameuse stèle à Louis Delgrès. Cette stèle, pas très jolie cela dit en passant, se trouve sur l'endroit de l'habitation Danglemont où Delgrès s'est fait sauter en mai 1802 avec ses hommes (ainsi que la mûlatresse Solitude), pour protester contre le rétablissement de l'esclavage par Richepance, général d'Empire.

Voici une photo de la stèle, ainsi que de l'usine Matouba (là où est embouteillée l'eau de source du même nom !).

La promenade commence devant l'habitation la Joséphine, autre lieu fort connu, puisqu'un certain Alexis Léger (alias Saint-John Perse, prix Nobel de littérature en 1962) venait y passer ses vacances au frais étant enfant. Malheureusement, impossible de la visiter...

Désolé pour l'exposition, mais j'ai pris cette dernière photo entre le portail et le grillage, comme un paparazzo...

Sur le chemin vers le saut d'eau, quelques paysages champêtres.

Après une traversée de champs de bananiers et une descente de talus sur des marches aménagées, nous arrivons donc au bord de la rivière, et entendons le bruit de la chute. Le bassin au pied de celle-ci invite à la baignade après cet effort (on dirait un dépliant touristique là... hum...).

11 octobre 2009

L'îlet du Gosier

Hier nous sommes allés passer la journée et pique-niquer sur l'îlet du Gosier. Il s'agit donc d'une minuscule île au large du Gosier, probablement un haut-fond qui serait sorti voir comment ça se passe à la surface. Il n'y a rien dessus, si ce n'est un phare, deux bâtiments en ruine (spécialité locale) et tagués (certainement là où habitait le gardien du phare, lorsqu'il y en avait un). Il y a également un "restaurant". Enfin, un truc en tôle (autre spécialité locale) avec des chaises et des tables en plastique sous un carbet, où des gens (fort sympathiques au demeurant) servent à manger. Précision : il n'y a pas d'eau courante ni d'électricité (et pas de groupe électrogène non plus)....

Pour s'y rendre, il faut aller à l'embarcadère des pêcheurs du bourg qui, fort gentiment (mais pas gratuitement quand même, faut pas rêver) emmènent les gens sur l'îlet à toute heure. Il n'y a donc rien à y faire, si ce n'est profiter de la beauté du lieu, du calme et de la plongée de surface. En effet, l'îlet, comme vous pouvez le voir sur une photo ci-dessous, est ceinturé par une espèce d'arc de récifs coralliens. Cela procure deux avantages : pas de vague sur la plage, et de beaux poissons à observer. Dans le désordre, j'y ai vu des poissons chirurgiens, des oursins noirs, blancs et rouges, des orphies, des demoiselles, des carangues, des girelles, des gorettes, et une méduse emportée par le courant qui a failli me percuter en plein visage (pourtant, elle nageait pour lutter contre le courant, la bougresse).

Désolé pour les photos, elles ne sont pas de moi. J'avais en effet oublié de prendre mon appareil... elles ont donc été prises au hasard sur internet. Leurs auteurs voudront bien me pardonner cet emprunt...

20 septembre 2009

Journées du patrimoine au Moule

Tout le monde s'en est rendu compte, hier et aujourd'hui, ce sont les journées du patrimoine. En Guadeloupe comme en France, de nombreux sites historiques, culturels, naturels... sont donc ouverts gratuitement, voire exceptionnellement pour certains d'entre eux.

Habitant dans le Sud Basse-Terre, Le Moule n'est pas vraiment une commune dans laquelle nous allons tous les jours. Nous avons donc décidé de passer la journée là-bas, pour faire honneur au patrimoine moulien. Ci-contre, le blason de la ville.

Pour commencer, nous sommes allés visiter la maison Zévallos (qui a la réputation d'être hantée), sur la route entre Le Moule et Saint-François. Cette maison était une ancienne habitation avec sucrerie et distillerie. Elle appartient désormais à des particuliers qui ont du mal à obtenir des aides financières pour la restaurer, la sécuriser, la faire revivre (ça, c'était pour le coup de gueule). Elle aurait été construite dans les ateliers Eiffel (oui, le même) à Paris avant d'être démontée puis remontée en Guadeloupe. Il s'agissait en fait d'un lot de deux maisons du même style, avec la maison Souque-Pagès de Pointe-à-Pitre (actuel Musée Saint-John Perse). Cette maison n'est d'habitude pas visitable, mais les propriétaires l'ouvrent chaque année pour cet événement. Cela dit, rien de particulier à l'intérieur... Voici quelques photos. Remarquez les jolis balcons en fer forgé et la toiture assez...provençale !


Voici maintenant quelques détails de la maison.

A l'extérieur, un parc arboré et les restes de la sucrerie, notamment la cheminée.


Nous sommes ensuite allés manger au Moule (au Jazz Café, rue Saint-Jean, à éviter !) et en avons profité pour faire un petit tour en ville. Le bourg est assez sympathique et animé, bien que très venté. Les déferlantes de l'Atlantique sont impressionnantes. Le Moule a été détruit à 80% lors du passage d'Hugo, ce qui explique l'aspect presque (presque...) neuf de plusieurs bâtiments. Le bord de mer est bien aménagé, notamment, et il y a une zone commerciale toute neuve à proximité. Ci-dessous, l'église faite en corail, et une vue de la plage de l'Autre Bord depuis la batterie.
Puis, dans l'après-midi, nous sommes allés visiter le Musée Edgar Clerc, musée du patrimoine pré-colombien de la Guadeloupe. Pas très grand, mais bien pensé, avec quelques pièces intéressantes et des panneaux fort instructifs. Ci-dessous, une photo du musée ainsi que d'une maquette d'un village amérindien.